L'activité scientifique

Laurence Bertrand Dorléac
Chercheur permanent
Professeur d'histoire de l'art à Sciences Po (classe exceptionnelle, 22e section).
Laurence Bertrand Dorléac, après avoir rédigé deux thèses de doctorat, en histoire de l’art (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 1984) et en histoire (Institut d’études politiques, 1990), est habilitée à diriger des recherches depuis 1995. Elle est membre honoraire de l’Institut Universitaire de France.
Professeur à Sciences Po, elle y dirige le séminaire Arts et Sociétés et la Lettre du séminaire. Elle est l’auteur de nombreux textes dont : Histoire de l’art. Paris 1940-1944, Publications de la Sorbonne, 1986 ; L'Art de la défaite. 1940-1944, Seuil, 1993, rééd. 2010 et 2012 ; trad. anglais par Jane Mary Todd, Art of the Defeat. France 1940-1944, Getty Research Institute, 2008 ; L'ordre sauvage. Violence, dépense et sacré dans l'art des années 1950-1960, Gallimard, 2004 ; Après la guerre, Gallimard, 2010 ; Contre-déclin. Monet et Spengler dans les jardins de l’histoire, Gallimard, 2012 ; « Ignoring History », in : Chatting with Henri Matisse: The Lost 1941 Interview by Pierre Courthion, Getty Foundation, Getty Research Institute, 2012.
Depuis 2012, elle voit aussi l’exposition au Musée comme un lieu de recherche fondamentale susceptible d’être partagée avec de larges publics. Elle a été commissaire avec Jacqueline Munck de L’art en guerre, France 1938-1947, au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 2012 et au Musée Guggenheim de Bilbao, 2013 ; commissaire avec Maurice Fréchuret de l’exposition Exils, Musées nationaux Picasso, Léger et Chagall, 2012 ; commissaire générale de l’exposition Les Désastres de la guerre. 1800-2014, Louvre-Lens, 2014. Elle travaille actuellement sur Les choses. Pour une histoire visuelle du capitalisme, dans la perspective d’une exposition programmée par le Musée du Louvre et de la publication d’une Encyclopédie des choses.
Publications principales
• Histoire de l'art. Paris 1940-1944. Ordre national, traditions et modernités, Publications de la Sorbonne, 1986, 451 p.
• Le Commerce de l'art, de la Renaissance à nos jours, dir., Éditions de la Manufacture, 1992, 357 p.
• L'Art de la défaite. 1940-1944, Seuil, 1993, réédition en 2010 et 2012, trad. anglais par Jane Mary Todd, Art of the Defeat. France 1940-1944, Getty Research Institute, 2008, 481 p.
• Où va l’histoire de l’art contemporain ?, co-dir., École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, 1997, 493 p.
• L'image, puissance infini, Flammarion, 2000, 144 p.
• L'ordre sauvage. Violence, dépense et sacré dans l'art des années 1950-1960, Gallimard, 2004, 408 p.
• Picasso : l’objet du mythe, actes du colloque à l'École nationale supérieure des beaux-arts, les 29 et 30 novembre 2002, co-dir., École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, 2005, 303 p.
• Arts et Politique, Ides et Calendes, 2008, 215 p.
• Après la guerre, Gallimard, 2010, 162 p.
• Contre-déclin. Monet et Spengler dans les jardins de l’histoire, Gallimard, 2012, 313 p.
Enseignement
• Cours d’histoire à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, d’histoire de l’art aux Universités de Reims, du Mans, d’Arras, de Columbia-Paris, à partir de 1985.
• Maître de conférence en histoire culturelle à l’Université de Lille III, 1993-1995.
Mise en place d’une licence à l’Université Lille III (1993-1994).
• Professeur d’histoire de l’art à la Faculté des arts de l’UPJV, Amiens, 1995-2009.
Elaboration du programme d’enseignement en histoire de l’art de la 1ère année au doctorat à l’Université de Picardie Jules Verne (1995-2002).
• Professeur d’histoire de l’art à Sciences Po, depuis 2009.
• Séminaire Arts et Sociétés, ouvert aux étudiants de Sciences po mais également aux étudiants de l’Université de Paris-I Sorbonne, de Paris X, de l’École du Louvre, aux jeunes chercheurs étrangers de passage à Paris, qui doivent justifier de leur participation à un séminaire parisien. Tous sont évalués en fin de semestre. Ouvert au public sous réserve d'inscription (artsetsocietes@gmail.com).
• Mise en place d’un double cursus Sciences Po-Ecole du Louvre (master) et mise en relation avec des Universités partenaires dont : Bologne, Sapienza, Durham, Heidelberg, Prague (Charles), Complutense, Pittsburgh.
Recherche
• Chercheuse au centre de l’UPJV d’Amiens, unité d’accueil, 1999-2009.
• Membre senior de l’Institut Universitaire de France, nommée en 1999.
• Membre du Centre d’histoire, directrice du séminaire Arts et Sociétés et la Lettre du séminaire/Letter of seminar, depuis 2005.
Fondation-Direction
• Co-fondation du groupe de recherche sur L’image, en collaboration avec le Musée d’histoire contemporaine et Harvard University (1995-2001).
• Fondation et direction du département d’histoire de l’art de la Faculté des arts, Amiens, 1995-2000.
• Fondation et direction en 2005 du groupe de recherche Arts & Sociétés et de la publication en français et en anglais : la Lettre du séminaire/Letter of Seminar (95 numéros), Centre d’histoire de Sciences Po, 5500 correspondants institutionnels et particuliers.
• Co-fondatrice avec Xavier Douroux de la collection Œuvres en sociétés aux presses du réel, 2007.
• Co-directrice avec Thomas Kirchner, Directeur du Centre allemand d’histoire de l’art, du programme sur l’art et le monde de l’art à Paris après 1945, 2014.
Commissariat d’expositions
• Co-commissaire avec Jacqueline Munck de l’exposition : L’art en guerre, France 1938-1947, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 2012 ; au Musée Guggenheim de Bilbao, 2013, direction du catalogue, trad. Espagnol, Paris-Musées, La Fabrica.
• Co-commissaire avec Maurice Fréchuret de l’exposition : Exils, Musées nationaux Fernand Léger et Marc Chagall, 2012. Co-direction du catalogue, RMN.
• Commissaire générale de l’exposition : Les désastres de la guerre. 1800-2014, Louvre-Lens, 28 mai-6 octobre 2014, direction du catalogue, Louvre-Lens/Somogy.
Commissions scientifiques universitaires, membre élue
• Membre des commissions de spécialistes de l’UPJV, Amiens, 22e section et 18e section, 1995-2009.
• Laboratoire à l’UPJV d’Amiens, unité d’accueil, membre élue du conseil de laboratoire (1995-2009).
• Membre élue du Conseil National des Universités, 22e section, 2003-2007.
• Membre de commissions de spécialistes à Sciences Po, depuis 2009.
• Centre d’histoire de Sciences Po, membre élue du Conseil, 2010-2013.
• Bureau scientifique de Sciences Po, membre élue, 2011-2015.
Commissions scientifique universitaire, membre nommée
• Mission Scientifique et Technique, Ministère de l'Éducation nationale, mandat 1996-1997.
• Membre du Conseil national de coordination des sciences de l'homme et de la société, JO 14 mars 2001.
• Comité d'experts auprès du Ministère de l'Education nationale. Dossier : "l'enseignement en histoire de l'art dans les collèges et lycées", 2001.
• Membre expert du groupe d'études de l'Institut National d'Histoire de l'Art sur les archives de l'art au XXe siècle, 2001-2004.
• Conseil scientifique de l'Institut National d'Histoire de l'Art, mandat 2002-2005.
• Comités de recrutement des chargés de cours et pensionnaires de l'Institut National d'Histoire de l'Art, depuis 2002.
• Conseil scientifique de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, 2007-2010.
• Rapporteur, experte extérieure pour l’évaluation des professeurs en histoire de l’art, Universités Complutense (Espagne), Columbia, Duke et Brown (USA), depuis 2009.
Commissions scientifiques non universitaires, membre nommée
• Commission Art et Bibliophilie du Centre National du Livre, mandat 1998-2001.
• Comité de pilotage du site imagesmag.net, 2000-2005.
• Conseil scientifique de l'Institut des images, depuis 1999.
• Association Internationale des Critiques d’Art, depuis 2003.
• Conseil scientifique de l’Institut Mémoire de l’édition contemporaine (IMEC), 2008-2013.
• Comité scientifique du Musée national Fernand Léger, 2009-2012.
• Conseil scientifique de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, depuis 2010.
• Conseil scientifique du Musée d’Orsay, 2011-janvier 2014.
• Commission des acquisitions de l’établissement public des musées d’Orsay et de l’Orangerie, nommée en février 2014.
• Conseil scientifique de la B.N.F, depuis 2016.
Edition
• Travaux de lecture au Seuil, à partir de 1985.
• Co-fondation avec Xavier Douroux de la collection Œuvres en sociétés, presses du réel, depuis 2007.
• Directrice de publication en français et en anglais de la Lettre du séminaire Arts & Sociétés, depuis 2005 (voir liste).
• Co-direction d’une Histoire des arts visuels, à paraître aux éditions du Seuil, dir. Patrick Boucheron, vol.1. Alain Schnapp, vol. 2. Charlotte Guichard et Etienne Anheim, vol. 3. Laurence Bertrand Dorléac, 2014.
Revues
• Co-fondatrice de la Revue d’histoire des arts, L’Ecrit-Voir, Publications de la Sorbonne en 1980, rédactrice jusqu’en 1886.
• Membre du comité de rédaction de Vingtième siècle, 1992-2008.
• Directrice de publication de la Lettre du séminaire/Letter of seminar Arts & Sociétés (français, anglais), depuis 2005.
• Membre du comité de rédaction de Studiolo, revue d’histoire de l’art de l’Académie de France à Rome, Villa Medicis, depuis 2009.
• Membre du comité de rédaction de la revue Perspective de l’Institut National d’Histoire de l’Art, 2005-2013.
• Membre du comité de rédaction de La Revue de l’art, depuis 2012.
Conseil, expertise, jury
• Jury, Villa Médicis, Ministère de la Culture, avril 2006.
• Jury du prix de l’art contemporain à Sciences Po, présidence, 2013.
• Jury, direction de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts décoratifs
2013.
• Jury du prix de l’art contemporain à Sciences Po, présidence, 2014.
• Jury du Prix de la critique Books/Sciences Po, 2014.
• Jury du Prix Pierre Daix depuis 2015.
Conseils d’administration, membre nommée
• Conseil d’administration de l’Ecole du Louvre (2011-2014 - second mandat 8 mai 2014 -).
• Conseil d’administration de la Fondation Hartung-Bergman, depuis 2011.
• Conseil d’administration du Musée de l’Armée, depuis 2014.
Distinctions
• Chevalier des Arts et Lettres, 2013
• Chevalier de la Légion d’honneur, 2013
Chantiers
• Arts et pouvoirs
(Seconde guerre mondiale)
Travailler sur l’art et le monde de l’art en France entre 1940 et 1944 à partir de 1980 impliquait de mêler des problématiques valables en histoire générale tout en défrichant un pan majeur de l’histoire de l’art laissé jusque-là de côté. A travers l’étude formelle des œuvres qui appartenaient à toutes les catégories (de l’art majeur à l’art mineur, des « chefs-d’œuvre » aux objets de propagande) et des discours dominants et clandestins, j’ai pu établir le rôle des « images » dans une société privée de liberté et de démocratie. Qu’il s’agisse de leur instrumentalisation par le pouvoir (nazi et pétainiste) ou par la Résistance. Cette étude m’a permis de mesurer à quel point l’art est un bon indicateur des questions de société mais aussi de la nature des pouvoirs — en l’occurrence autoritaires voire totalitaires.
Ce travail de thèse donna lieu à des développements et à de nombreuses publications dont la principale est traduite en anglais par le département éditorial du Getty Research Institute.
• Ma nomination à l’Institut Universitaire de France comme membre senior
(en 1999) m’a permis de financer un certain nombre de colloques, journées d’étude, publications, en facilitant de nouvelles recherches portant sur l’Ecole de Paris et sur les relations artistiques internationales (relations avec les pays de l’Est et les Etats-Unis (liste des publications), et le développement des deux chantiers suivants.
• Arts et sociétés
(Sorties de guerre, France)
Ce chantier portait sur les phénomènes de sortie de guerre en art, particulièrement sensibles dans les formes, à l’opposé de ce qui avait dominé le champ visuel depuis les années 1918-1945. Les abstractions, en particulier, servirent aux Etats-Unis et en Europe à traduire dans la matière, la griffure et les dominantes sombres, le rejet existentialiste de la période précédente assimilée à la privation de liberté mais aussi au retour à la communauté, au « beau » métier, à l’académisme. Ce travail donna lieu à des publications (1996, 2000, 2006), réunis aux éditions Gallimard, dans : Après la guerre (2010) et bientôt traduites en allemand et publiés par les Editions du Centre allemand d’histoire de l’art/Deutsches furum für Kunstgeschichte, 2015.
• Violence et sacré en art
(Japon et Europe, années 1950-1960)
Ce nouveau chantier qui porta sur les phénomènes de violence et de sacré en art dans les années 1950-1960 au Japon et en Europe, dans les pays qui avaient frayé de près avec les régimes autoritaires ou totalitaires. Cette étude de type anthropologique éclairait des pratiques qui rappelaient les rituels de sociétés archaïques. Elle invitait à observer les années d’après guerre à l’aide de nouveaux concepts. Elle donna l’occasion d’isoler les pratiques néo-romantiques, néo-primitives et sacrificielles de nombreux artistes qui avaient vécu de près les affres de la guerre et son cortège de traumatismes.
A bien des égards, ces artistes donnaient avec un temps d’avance une forme (picturale ou de l’ordre des happenings) à un type de révolte qui allait s’amplifier en 1968 et après. Ils engageaient les débats qui allaient resurgir de façon plus écrite avec le situationnisme et les courants contestataires estudiantins. La vocation moins « prophétique » que pionnière des milieux artistiques se démontrait, non pas en raison d’un « génie » quelconque mais en vertu d’une fonction sociale moins entravée par l’institution et les modes de travail et de sociabilité traditionnels.
Cette étude donna lieu à un livre publié chez Gallimard en 2004, sous le titre : L’ordre sauvage. Violence, dépense et sacré dans l’art des années 1950-1960.
• Déclin et déclinisme
(1914-1945)
Ce chantier porta sur une étude croisée de l’œuvre ultime de Monet concentré sur la figure universelle du nymphéas, et Le Déclin de l’Occident du philosophe de l’histoire Oswald Spengler, tous deux commençant leur œuvre en 1914, au moment de la Grande Guerre. Alors que le Déclin de l’Occident allait devenir un best-seller influent dans toute l’Europe après 1918 jusqu’en 1945 pour finalement sombrer dans l’oubli ou presque, Monet était invisible et incompréhensible durant la même époque pour devenir avec ses dernières œuvres installées à l’Orangerie des Tuileries, l’un des grands monuments fétiches du tourisme international de la culture jusqu’à nos jours.
Cette histoire du goût et de ses caprices était aussi une façon d’étudier les ressorts de la philosophie décliniste, sur fond de considérations scientifiques et para-scientifiques hérités de Nietzsche mais aussi de Haeckel et Bergson. La toile de fond de la guerre montrait son impact sur les productions culturelles, y compris dans le paysage de Monet où s’inscrivait comme en laboratoire une pensée nouvelle alors incompréhensible, et pour aussi longtemps qu’allait durer le trend autoritaire et nationaliste en Europe.
Ce chantier donna lieu à un livre en 2012 (Contre-déclin, Gallimard), et à de nombreuses conférences, cours, en France et à l’étranger.
• Représentations des désastres de la guerre
(1800-2014, échelle internationale)
Le dernier chantier visait à étudier les représentations visuelles des conséquences de la guerre sur les humains, les animaux, la nature, les villes, les choses. A l’échelle internationale des conflits, en relation avec les conditions de diffusion de ces images sur tous supports, depuis les années 1800, il permit d’isoler des traditions de représentation mais aussi des tournants à chaque conflit (une vingtaine sont envisagés) liés à des modalités nouvelles en matière de technique mais aussi de politique d’expression.
Ainsi, les deux grands conflits mondiaux du 20e siècle sont-ils replacés dans un mouvement plus ample qui indique à quel point ce qui conduit à nos mentalités contemporaines débute au tournant des années 1800, pendant les guerres napoléoniennes, dans la foulée de la Révolution qui impose un nouveau statut pour l’individu. Alors que tout l’art était depuis toujours dominé par la guerre héroïque, Goya et Géricault traduisirent visuellement les premiers le désenchantement suivis de bien d’autres jusqu’à ce jour.
• Les choses
En les abandonnant à leur circulation, ils ont confié aux collectionneurs et aux musées le soin de classer leurs représentations. Or, il n’y a pas de « sujet » plus déstabilisant que les choses, qui ne vienne plus efficacement mettre en cause les catégories les plus assurées. C’est aussi le constat des sciences humaines et sociales qui ont depuis longtemps considéré ces choses comme des objets complexes, dignes de « biographies » (Igor Kopytoff, Alfred Gell), qui ne se distinguent pas aussi facilement que cela des agents humains. Bruno Latour a largement contribué à imposer les « choses comme des faits sociaux », puissamment actives. Et comment ne pas voir leurs interactions dans la vie des gens, dans Playtime de Jacques Tati (1967), par exemple ?
Il s’agira donc d’étudier la portée des choses dans les représentations de toutes sortes, fabriquées à l’aide de toutes les techniques, à toutes les époques. Moins pour nous détacher avec mépris de la matérialité que pour reconnaître ce qui, dans la culture matérielle, assure les pratiques mais aussi les savoirs et les croyances, l’aliénation ou la liberté. A cet égard, elles ont largement autant participé de l’oppression que de l’invention du quotidien (Michel de Certeau).
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> 19 octobre 2015, 19h30, Grande salle (Centre Pompidou)
LA DESTRUCTION DES OEUVRES D'ART
Bibliographie sélective
Cinq publications significatives
• L'Art de la défaite. 1940-1944, 1993, réédition en 2010, Seuil, coll. L'Univers historique, nouvelle réédition, 2012 ; Art of the Defeat. France 1940-1944, traduit par Jane Mary Todd, Getty Research Institute, 2008, 481 p.
Cette publication établit l’ensemble des données esthétiques, politiques, sociales et économiques concernant une période majeure demeurée jusque-là impensée en histoire de l’art. A travers l’étude formelle des œuvres qui appartiennent à toutes les catégories visuelles (de l’art majeur à l’art mineur, des « chefs-d’œuvre » aux objets de propagande), elle définit le rôle fondamental des « images » dans une société privée de démocratie. Elle aide à mesurer combien les arts visuels sont un bon indicateur des questions de société et des mentalités mais aussi de la nature des pouvoirs (nazi et de Vichy), de leur niveau de rupture avec la période démocratique. S’appuyant sur l’histoire des goûts dominants, ce livre avançait aussi quelques hypothèses d'interprétation sur l'imaginaire des Français, leurs nostalgies, leurs peurs et leurs espoirs.
• "L'histoire de l'art et les cannibales", Vingtième siècle. Revue d'histoire, n°45, janvier-mars 1995, p. 98-108.
Discipline frontalière par nature, sans concours spécifique, l'histoire de l'art, entourée de champs scientifiques mieux assis : l'histoire, la philosophie, la littérature, la sociologie, l’économie, l’anthropologie, etc., se façonna une identité pure sans toujours reconnaître les forces qu'elle pouvait tirer de sa position de carrefour donc d'ouverture. A une époque où personne ne doutait plus de l'intérêt de l'étude des représentations visuelles pour la compréhension du monde (aussi importantes que les textes mais bien moins étudiées), les historiens de l’art étaient divisés sur l'attitude à adopter : un retrait craintif de l'institution ou le dialogue permanent avec les disciplines environnantes qui attirent nombre de ses acteurs (souvent formés par elles). Entre les internalistes, avocats d'un isolement intransigeant, tenants d'une tradition de spécialistes, et les externalistes favorables à l'ouverture scientifique et au débat, le différent était patent, intensifié par le renouvellement du statut de la culture en France. Il fallait revenir aux traditions historiographiques de l'histoire de l'art en France pour saisir les modalités de ce débat dont les termes ont d’ailleurs aujourd’hui considérablement évolué.
• L'ordre sauvage. Violence, dépense et sacré dans l'art des années 1950-1960, Gallimard, 2004, 408 p.
Ce livre s’intéresse aux phénomènes de violence et de sacré en art dans les années 1950-1960 au Japon et en Europe, dans les pays qui avaient frayé de près avec les régimes autoritaires ou totalitaires. Il se fonde sur l’étude anthropologique de pratiques qui rappellent les rituels de sociétés archaïques. Y sont observées les années d’après guerre à l’aide de nouveaux concepts en isolant des pratiques néo-primitives et sacrificielles chez de nombreux artistes qui avaient vécu de près les combats de la guerre et son cortège de traumatismes. Ces artistes donnent avec un temps d’avance une forme picturale ou théâtralisée (dans les happenings) à un type de révolte qui va s’amplifier en 1968 et après. Ils engagent en pionniers les débats qui vont resurgir de façon plus écrite avec le situationnisme et les courants contestataires estudiantins.
• Après la guerre, Gallimard, 2010, 162 p.
Ce livre réunit trois textes sur l’après-seconde guerre mondiale, qui discutent la notion de « reconstruction » à l’aune des œuvres d’art. Est étudiée la façon dont les artistes s’imposent comme les producteurs d’ »aveux » concernant la période liberticide et violente précédente. Par les sujets qu’ils abordent mais aussi par les formes délitées et la matière en excès qu’ils donnent à leurs œuvres, ils proposent l’envers du décor de la reconstruction et des nouveaux plans. L’abstraction dominera ces années durablement. Dans le courant « existentialiste » de retour à l’individu, ils donnent une forme au trauma, alors que perdurent les discours institutionnels réconfortants sur la « tradition française » raisonnable et « cartésienne ». Le statut gigogne de l’Ecole de Paris, précédemment refermée sur les Français (au sens strict), se modifie alors, et les étrangers sont intégrés au monde artistique et au Musée dont la fonction sociale est redéfinie par les cadres de la Résistance.
• Contre-déclin. Monet et Spengler dans les jardins de l’histoire, Gallimard, 2012, 313 p.
Cette étude sur le paysage franco-allemand s’intéresse plus particulièrement au dialogue improbable entre l’œuvre ultime de Monet concentré sur la figure universelle du nymphéa, et Le Déclin de l’Occident du philosophe de l’histoire Oswald Spengler. Tous deux commencent leur œuvre en 1914, au moment de la Grande Guerre, mais alors que le Déclin de l’Occident de Spengler, allait devenir un best-seller influent dans toute l’Europe après 1918 jusqu’en 1945 pour finalement sombrer dans l’oubli ou presque. Les œuvres de Monet étaient l’objet d’une violente critique qui en interdisait l’accès alors qu’elles deviendront aux Tuileries l’un des grands monuments fétiches du tourisme international de la culture, jusqu’à ce jour. Mais seulement après 1945, quand l’Europe sera sortie de son trend autoritaire. Cette histoire du goût et de ses caprices est aussi un prétexte pour étudier les ressorts de la philosophie décliniste, sur fond de considérations scientifiques et para-scientifiques hérités de Nietzsche mais aussi de Haeckel ou de Bergson.
Doctorants dirigés
Les artistes espagnols à Paris pendant la dictature franquiste (1939-1975)
"Espaces et acteurs financiers : de Goya à l'art actuel", Co-directeur : Olivier ASSELIN
Le cas de la Nouvelle Figuration latino-américaine pendant les années 1960-1970
Motif du geste laborieux dans la production artistique, des années 1960 à nos jours : l'artiste en historiographe du travail
Gilbert Delaine et la réinvention de l'institution artistique : histoire sociale du musée d'art contemporain de Dunkerque, 1974-2013
La communauté de singularités. Figures de l'individu et du collectif dans l'art participatif en Grande-Bretagne de 1997 à nos jours.